[ Pobierz całość w formacie PDF ]
.Il perdit son pot d’échappement au nid-de-poule suivant.Le pot se détacha dans un grincement strident de métal arraché.Quand il atteignit la grande route, il mit le pied au plancher.Le vrombissement du moteur sans le pot d’échappement ressemblait trop au bourdonnement qu’il avait entendu à l’intérieur du cottage.Mais amplifié.Et cela le suivait.La vision du cadavre de Ted surgit dans son esprit.Il regarda dans le rétroviseur et il lui sembla apercevoir un truc pâle qui flottait au-dessus de la route derrière lui.Qui le suivait.Il continua d’appuyer sur le champignon, les jointures de ses doigts, devenues blanches tandis qu’il agrippait le volant de toutes ses forces.La forme pâle qu’il apercevait dans le rétroviseur se maintenait à la même distance.Elle le suivait toujours.7Cela faisait un drôle d’effet à Ned d’être étendu sur un lit de camp dans la salle d’interrogatoire, en sachant que les officiers supérieurs se trouvaient dans la pièce voisine et le regardaient à travers la glace sans tain tandis qu’il essayait de s’endormir.Seul avec Ernie, mais objet de l’attention de tous ceux qui les observaient.Le fusil à pompe pesait sur sa poitrine.Il avait une main posée sur la crosse en bois, l’autre sur son canon métallique froid.Il percevait la pression de cet autre endroit sur ses paupières chaque fois qu’il fermait les yeux.La ville morte.Elle comprimait son esprit.Elle semblait plus réelle que les regards attentifs, invisibles, qui, il le savait, étaient fixés sur eux à travers la glace.Que trouveraient-ils lorsqu’ils seraient là-bas ?Il durcit sa prise sur le fusil.Les deux cachets pour dormir qu’il avait pris apaisaient ses nerfs ébranlés.L’épuisement qu’il avait surmonté jusqu’ici gagnait rapidement son corps.— Tu penses que nous arriverons tous deux au même endroit ? demanda doucement Ernie depuis le lit de camp près de lui.Ned tourna la tête afin de regarder son coéquipier.— Ouais.— Et dans le cas contraire ? Nous n’allons pas nous endormir en même temps.— Celui qui arrive là-bas le premier ne fera rien, dit Ned.Il attendra que l’autre s’amène.— Et s’il ne se passe rien ?— Alors nous laisserons Bohay appeler les psys pour qu’ils s’occupent de nous.Ned tourna la tête à nouveau et contempla le plafond.Les carreaux y étaient percés de centaines de trous.Il se souvint que, lorsqu’il s’ennuyait au lycée, il comptait les perforations sur les mêmes sortes de carreaux dans la salle de classe.Compter combien il y en avait sur un seul carreau.Multiplier cela par le nombre de carreaux dans la salle de classe.Multiplier cela par le nombre de salles dans le lycée.Plus les couloirs, la bibliothèque, le gymnase, les bureaux…Il se sentit aller à la dérive.La respiration d’Ernie était lente et régulière à côté de lui.Il n’aurait pas dû laisser Ernie l’accompagner.Il avait une femme.Une gosse.Ouais, pensa Ned.Et toutes deux avaient eu les jetons, à cause du virus qui affectait Ernie.Le virus qui contaminait tous ceux qui avaient été mêlés à l’affaire Baker.Un virus qui se propageait comme un cancer.Il fallait stopper ça maintenant.Avant que la situation ne devienne incontrôlable.Il eut un rire silencieux.Avant que la situation ne devienne incontrôlable ? Et ce qui se passait maintenant, comment appelait-on cela ? Puis il pensa au virus.Il se propageait.D’abord Ottawa.Puis tout le pays, peut-être.Alors que ce putain de monde donnait déjà l’impression de partir en couilles.Il n’avait vraiment pas besoin de cette merde pour sombrer dans le chaos complet.Ned se rappela la façon dont tout le monde s’était écarté d’eux quand Ernie et lui étaient entrés dans la salle de briefmg.Ce n’était pas tellement un recul physique, mais plutôt une répugnance qu’il avait lue dans leurs regards.Il avait ressenti cela toute la journée, de la part de tout le monde.Sauf d’Anna.Mais elle avait peut-être chopé le virus, elle aussi.Le virus.Quoi que fût cette saloperie.La respiration d’Ernie était devenue uniforme.Arrête de réfléchir, se dit Ned, sinon tu ne réussiras jamais à aller là-bas.Il recommença à compter les perforations sur les carreaux du plafond.Ses paupières se mirent à papillonner.Devinrent lourdes.Se fermèrent.Il s’aperçut qu’il n’entendait plus la respiration d’Ernie, et puis il sombra dans le sommeil à son tour.Pour aller là-bas.Il se demanda si un jour il se sentirait à l’aise de nouveau en s’endormant.Occupe-toi de ça d’abord, se dit-il.Un flot d’images jaillit dans son esprit, défila rapidement comme les figures de cartes à jouer manipulées par les mains d’un joueur professionnel.Des images de cadavres.Ravagés par le feu.Des morts.La dernière carte était le joker.Non touché par le feu.C’était son propre visage sous le bonnet et les clochettes.Puis, telle la pointe infime de feu qui provient du soleil canalisé à travers une loupe sur une feuille de papier, le visage commença à brûler.Occupe-toi de ça d’abord, répéta-t-il.Le sommeil s’empara finalement de lui.8— Nom de Dieu, murmura le chef Gauthier, de l’autre côté de la glace sans tain.Les corps des deux inspecteurs venaient de disparaître, comme effacés par la main d’un peintre invisible.Un instant plus tôt ils étaient là, et maintenant ils avaient disparu.Même les lits de camp avaient disparu.— Je n’ai pas vu cela, dit le chef adjoint Bohay à ses côtés.(De la sueur perla sur son front.) Ce n’est pas possible !Gauthier fit un signe de la tête à l’un des inspecteurs qui se trouvaient avec eux.L’homme quitta la pièce exiguë pour pénétrer dans la salle d’interrogatoire.Il traversa l’espace qui avait été occupé par les lits de camp, se déplaça lentement, passa ses mains dans l’air à gauche et à droite.Puis il leva les yeux vers la glace et secoua la tête.— Je veux que quelqu’un surveille cette pièce, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, dit Gauthier.— Il doit s’agir d’une espèce de truquage, fit Bohay.— Si c’est un truquage, il est très réussi, rétorqua Gauthier.Messieurs, mettons-nous au travail.— La presse…, commença quelqu’un.— Elle attendra.Deux de nos hommes se trouvent dans une situation critique.Je veux que des armes soient distribuées à tous les policiers présents dans le commissariat.Ces hommes ont besoin de renforts.— Nous allons envoyer des gens… les rejoindre ? demanda Bohay, manifestement incapable d’accepter ce que ses propres yeux lui avaient montré.— Si c’est possible, répondit Gauthier.Il songea à ce que Meehan avait dit au cours de la réunion.La faculté de passer d’un monde à l’autre qui se propageait comme un virus.La façon dont tous ceux qui avaient été mêlés à l’enquête étaient plus prédisposés au virus.— Voyons si nous pouvons trouver des volontaires, ajouta-t-il.Sans attendre une réponse, il dirigea ses pas vers le gymnase, où les autres policiers concernés directement par cette affaire avaient été rassemblés, dans l’espoir de les protéger contre ce qui décimait leurs rangs.— Cette histoire est complètement dingue, murmura Bohay en lui emboîtant le pas.Gauthier acquiesça de la tête et continua de marcher.Il était tout à fait de l’avis de Bohay, mais il se rendait compte qu’ils n’avaient pas le choix.Que la diplomatie aille au diable ! Plutôt que de perdre d’autres hommes, il préférait qu’on le traite d’imbécile pour avoir mis en branle une procédure aussi peu orthodoxe.— Y a-t-il quelqu’un déjà mêlé à cette affaire qui fasse également partie de la Brigade d’Intervention ? demanda-t-il à Bohay.Bohay pressa le pas pour rattraper Gauthier qui déjà s’éloignait.9Le coéquipier de Ned se tenait près de la porte et jetait un coup d’œil dans le couloir quand Ned ouvrit les yeux
[ Pobierz całość w formacie PDF ]
Darmowy hosting zapewnia PRV.PL