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.Il ne l’aimait pas ; il la respectait mais pas au point de lui sacrifier sa vie, ou l’investissement de sa faction.Il n’avait plus songé au Conseil des Anneaux depuis longtemps et cette pensée le dégrisa.Il aurait à justifier sa décision…Il en était là de ses sombres pensées quand il entendit un sifflement : son sas se dégonflait.Trois soldats étaient venus le chercher.Il n’émanait d’eux nulle odeur de colère.Ils évoluaient avec lenteur et prudence.Afriel ne chercha pas à résister.L’une des créatures le saisit délicatement dans ses mandibules énormes et l’emporta.Elle le conduisit dans la chambre des ailés et, de là, dans le tunnel gardé.Une nouvelle chambre, plus vaste, avait été creusée à l’extrémité de celui-ci.Elle était remplie presque jusqu’à la gueule d’une masse de chair blanche éclaboussée de noir.Au centre de la masse douce et mouchetée, on voyait une bouche et deux yeux moites, brillants, au bout de leurs pédoncules.De longs filaments tubulaires pendaient en se tortillant, jaillis d’une crête touffue au-dessus des yeux.Les filaments se terminaient par des pinces roses et charnues, semblables à des broches.L’un des filaments avait perforé le crâne de Mirny.Son corps flottait dans les airs, inerte comme une poupée de cire.Ses yeux étaient ouverts mais aveugles.Un autre filament était branché à la boîte crânienne d’un ouvrier mutant.Le spécimen avait encore la couleur blafarde d’une larve ; il était ratatiné, déformé, et sa bouche avait l’aspect plissé d’une bouche humaine.À l’intérieur, une excroissance se voulait une langue, et deux crêtes blanches des dents humaines.La créature n’avait pas d’yeux.Elle parla avec la voix de Mirny.« Capitaine-Docteur Afriel…— Galina…— Je n’ai pas un tel nom.Tu dois m’appeler l’Essaim.»Afriel vomit.La masse centrale était une tête immense.Son cerveau emplissait presque toute la salle.La créature attendit poliment qu’Afriel eût terminé.« Je me sens de nouveau éveillé, dit l’Essaim, d’un ton rêveur.Je suis ravi de constater qu’aucune alerte importante ne m’importune.À la place, je ne vois qu’une menace presque devenue de routine.» La créature hésita délicatement.Le corps de Mirny oscilla imperceptiblement dans les airs ; sa respiration était d’une régularité inhumaine.Les yeux s’ouvrirent et se refermèrent.« Une autre race jeune.— Qu’êtes-vous ?— Je suis l’Essaim.Ou plutôt, je suis l’une de ses castes.Je suis un instrument, une adaptation ; ma spécialité est l’intelligence.Je ne suis pas souvent nécessaire.C’est bon d’être à nouveau nécessaire.— Es-tu ici depuis le début ? Pourquoi alors ne pas nous avoir reçus ? Nous aurions négocié avec toi.Nous ne te voulons aucun mal.»Au bout de son pédoncule, la bouche humide émit un bruit de rires.« Comme toi, j’apprécie l’ironie… Tu t’es fourré dans un joli piège, capitaine-docteur.Tu voulais forcer l’Essaim à travailler pour toi et ta race.Tu avais l’intention de nous élever comme du bétail, pour nous étudier et nous exploiter.C’est un plan excellent mais auquel nous nous sommes frottés déjà bien avant que n’évolue ta race.»Aiguillonné par la panique, l’esprit d’Afriel fonctionnait à toute vitesse.« Tu es un être intelligent, répondit-il.Tu n’as aucune raison de nous faire du mal.Discutons ensemble.Nous pouvons t’aider.— Oui, reconnut l’Essaim.Vous nous serez utiles.Les souvenirs de ta compagne m’indiquent que nous sommes dans une de ces périodes inconfortables où sévit l’intelligence galactique.L’intelligence est un grand souci.Elle nous cause toutes sortes de désagréments.— Que veux-tu dire ?— Vous êtes une race jeune qui fait grand cas de sa propre astuce, dit l’Essaim.Comme toujours, vous êtes incapables de voir que l’intelligence n’est pas un trait favorisant la survie.»Afriel essuya la sueur de son visage.« Nous nous sommes quand même débrouillés.Nous sommes venus jusqu’à vous, avec des intentions paisibles.Vous n’êtes pas venus nous voir.— C’est précisément à cela que je fais allusion, rétorqua l’Essaim, fort courtois.Cette soif d’expansion, d’exploration, de développement, voilà justement ce qui provoquera votre fin.Vous vous imaginez pouvoir continuer à nourrir indéfiniment votre curiosité.Naïfs ! C’est une vieille histoire, déjà vécue par d’innombrables races avant vous.D’ici mille ans – peut-être un peu plus – ta race est appelée à disparaître.— Vous avez donc l’intention de nous détruire ? Je te préviens que ce ne sera pas une tâche facile…— À nouveau, tu ne saisis pas.Le savoir est le pouvoir ! Vas-tu imaginer que cette enveloppe fragile et dérisoire qui est la vôtre – ces jambes primitives, ces bras et ces mains ridicules, et votre minuscule cerveau presque lisse –, que cette force est capable de contenir tout ce pouvoir ? Certainement pas ! Déjà, ta race vole en éclats sous l’impact de sa propre compétence.La forme humaine originelle est en train de passer de mode.Tes propres gènes ont été altérés et toi, capitaine-docteur, tu n’es qu’une expérimentation grossière.Dans cent ans d’ici, tu seras une relique.Dans mille ans, même pas un souvenir.Ta race prendra le même chemin que mille autres avant elle.— Et qui est… ?— Je l’ignore.» La chose à l’extrémité du bras de l’Essaim émit un gloussement assourdi.« Elles ont dépassé mon entendement.Toutes ont découvert quelque chose, appris quelque chose qui les a conduites à transcender ma compréhension.Il se peut même qu’elles aient transcendé l’existence.Toujours est-il que je ne perçois plus nulle part leur présence.Elles semblent ne rien faire, n’interférer en rien : selon toutes les apparences, elles pourraient aussi bien être mortes.Évanouies.Elles sont peut-être devenues des dieux, ou des spectres.En tout cas, je n’ai aucun désir de les rejoindre.— Alors… alors, tu as donc…— L’intelligence est une arme à double tranchant, capitaine-docteur.Elle n’est utile que jusqu’à un certain point.Elle interfère avec le développement du vivant.La vie et l’intelligence ne font pas très bon ménage.Elles ne sont pas du tout étroitement liées comme vous le supposez puérilement.— Mais toi, alors… tu es bien un être raisonnable…— Je suis un instrument, comme je te l’ai dit.» L’organe mutant à l’extrémité de son bras émit une imitation de soupir.« Quand tu as réalisé ton expérimentation avec les phéromones, le déséquilibre chimique a été perçu par la reine.Il a déclenché certains schémas génétiques bien précis dans son organisme, qui ont provoqué ma renaissance.Le sabotage chimique est un problème que l’intelligence est la mieux à même de traiter.Je suis un cerveau bien rempli, comme tu peux le constater, conçu tout spécialement pour être bien plus intelligent que n’importe quelle race jeune.En l’espace de trois jours, j’étais devenu parfaitement conscient.Au bout de cinq, j’avais déchiffré ces marques sur mon corps
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