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.Et il vit tout près de lui, au dernier rang des consoles, sa propre fille, Bahjat, le chef des révolutionnaires, Shéhérazade, vêtue d’une tenue de combat qui n’avait rien de féminin, un pistolet à la hanche.— Je suis venue sur Île Un comme tu le désirais, tu vois, père, dit-elle.La lumière était trop faible pour que l’on pût lire son expression.— Pas exactement dans les conditions que je souhaitais, riposta al-Hachémi.Mais il est vrai que tu faisais rarement ce que je voulais que tu fasses.— Shéhérazade n’a pas encore terminé sa tâche.— C’est ce que je vois, fit-il en désignant la carte électronique du doigt.— Tu croyais vraiment que je viendrais te rejoindre comme une bonne petite fille obéissante ?— J’espérais que tu avais fini par revenir à la raison.— Comme ma mère ?Al-Hachémi eut un tressaillement de surprise.Mais il n’y avait personne à portée de voix.Les autres, concentrés sur leur travail de destruction, étaient très loin, de l’autre côté de l’amphithéâtre.— Ta mère était une alcoolique doublée d’une idiote.Tu le sais parfaitement.— Je sais que l’alcool l’a tuée.Elle buvait parce qu’elle était seule.Elle avait besoin de ta présence.— C’était peut-être ce qu’elle pensait, rétorqua al-Hachémi qui sentait comme un étau se resserrer sur sa poitrine, mais elle mentait.Elle se mentait même à elle-même.— Et tu l’as tuée.— C’est elle-même qui s’est tuée.Parce qu’elle buvait, tu l’as dit toi-même.— Tu l’as laissée se détruire.— Elle s’était déshonorée.Je ne voulais pas qu’elle me déshonore, moi.— Tu tues tous ceux qui se dressent sur ton chemin, n’est-ce pas ?— Shéhérazade n’a-t-elle pas de sang sur les mains ? demanda-t-il avec un sourire froid.Les yeux de Bahjat lancèrent des éclairs.— Je suis la fille de mon père.Al-Hachémi acquiesça.— Et quel est ton prochain objectif ? Le parricide ?— Non, si tu files doux.Il me suffira d’anéantir ce que tu as édifié.Mais si jamais tu nous créais des difficultés, ils t’abattront sans le moindre scrupule, crois-moi.— Hamoud est là.Je sais qu’il prend plaisir à tuer.Elle haussa les sourcils.— Tu le connais si bien que ça ?— Oui.— Je peux le contrôler… si aucun d’entre vous ne joue au malin.— Je croyais aussi être capable de le contrôler, autrefois.— Il y a pas mal de choses à propos desquelles tu t’es trompé, dirait-on, fit Bahjat avec un sourire caustique.— Et El Libertador ? enchaîna al-Hachémi comme s’il n’avait pas entendu.Il est prisonnier, lui aussi ?— Oui.À une époque, il aurait pu être notre chef.Mais il est vieux et aussi corrompu que vous tous.— C’est un homme à principes.C’est pour cela qu’il est difficile à manier.— Je m’en charge.Le cheik marqua une hésitation.— Alors, c’est vrai ? C’est réellement toi qui diriges cette bande ?— Tu trouves cela tellement étrange ?— Je croyais que Hamoud…— Hamoud se figure qu’il est le patron.Il donne des ordres.Mais ce sont ceux que je lui dicte.— Je vois.— Tu vas rejoindre les autres et tu leur diras que nous nous sommes arrangés pour les loger dans un ensemble résidentiel.Mais s’ils nous causent la moindre difficulté, nos hommes les massacreront tous.— Les voies d’Allah sont impénétrables.— Pas tant que ça.(Sa rage brûlante faisait fondre l’indifférence glacée que Bahjat manifestait envers son père.) Quand on assassine un innocent dont le seul crime est d’être amoureux de sa fille, on doit s’attendre à la vengeance d’Allah.Al-Hachémi la dévisagea.— Ah ! C’est donc à cause de cela que…— Oui ! répondit-elle, le regard enflammé.C’est à cause de cela.Œil pour œil, sang pour sang.Tu as assassiné l’homme que j’aimais, tu as détruit ma vie.Maintenant, je détruirai tout ce que tu as passé ton existence à édifier.Tout !Derrière le proscenium de l’amphithéâtre, une plage verte devint rouge sur l’immense écran.Un autre satellite solaire avait cessé de fonctionner.Et, aux États-Unis, la Gulf coast, de La Nouvelle-Orléans à la baie de Tampa, qui luisait d’un éclat jaune vira à son tour à un rouge sinistre.Juché sur le bord de la table chargée de fruits, Hamoud mastiquait à grand bruit une poire dont le jus dégoulinait dans sa barbe.— Alors, c’est comme ça que vivent les milliardaires ?Les trois guérilleros qui se tenaient à quelques mètres de leur chef regardèrent Garrison et Arlène en ricanant.— Qu’est-ce que vous racontez ? s’exclama rageusement l’industriel, assis dans son motofauteuil.Vous vous êtes emparés d’Île Un ? C’est impossible !Hamoud s’esclaffa et, se penchant en avant, il gifla le vieil homme d’un revers de main.Arlène, debout à côté de son patron, se fendit et, passant sous son bras, le frappa d’une manchette à la gorge.Hamoud bascula en arrière, renversant la table et écrasant les fruits qui roulèrent dans toutes les directions.La jeune femme sauta par-dessus la table pour se jeter sur lui mais deux guérilleros l’empoignèrent et lui tordirent les bras dans le dos.Arlène écrasa le cou-de-pied de l’un d’eux d’un coup de talon.Sa victime poussa un beuglement et la lâcha.Au moment où elle enfonçait son coude dans les côtes du second acolyte, Hamoud se releva en suffoquant et en se tenant le cou.Pendant que les trois guérilleros s’efforçaient de maîtriser la rousse, Garrison fila en direction de la chambre.Hamoud, titubant sur ses jambes, saisit Arlène par les cheveux et la tira si brutalement en arrière qu’elle poussa un cri.Un garde du corps lui balança alors la crosse de son arme en pleine poitrine et elle s’écroula.— Reviens ou on la descend ! vociféra Hamoud à l’intention de Garrison.Le fauteuil s’immobilisa sur le seuil de la porte.Lentement, le vieil homme le fit pivoter et rebroussa chemin.La fureur lui déformait les traits.Hamoud remit du bout de sa botte Arlène sur le dos.Elle n’avait pas perdu connaissance et la haine brillait dans ses yeux.— Tu vas rester gentiment sans bouger, lui dit-il d’une voix suave.Sinon, on flingue cette vieille couenne.Les doigts d’Arlène se crispèrent comme pour griffer mais elle ne fit pas un mouvement.Hamoud se tourna alors vers Garrison.— Courageuse, la secrétaire, gouailla-t-il en désignant de la main la jeune femme prostrée.Sa seule peur était qu’on te fasse bobo.— Laissez-nous, murmura le vieillard d’une voix cassée.Partez et laissez-nous.— Il faut d’abord qu’on fouille la maison pour être sûr que vous n’avez pas d’armes.(Obéissant à son ordre muet, les trois guérilleros s’éclipsèrent pour visiter les autres pièces.) Si vous vous tenez tranquilles, vous aurez la vie sauve.Garrison, réduit à l’impuissance, ne quittait pas des yeux la crosse du revolver dépassant de l’étui que Hamoud avait à la ceinture.Un grand fracas retentit dans la chambre à coucher, suivi de bruits d’étoffes déchirées, le tout accompagné de rires gutturaux.— Mes hommes sont très consciencieux, persifla Hamoud.Ils ne trouveront pas les œuvres d’art, grâce à Dieu, songeait Garrison.Ils ne découvriront jamais la chambre forte souterraine
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