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.C’était trop pour un homme de son rang et de son âge.Il n’avait emmené qu’une douzaine de serviteurs en plus de ses gardes et des porteurs de litière mais l’hiver s’était révélé trop rude pour les plus faibles.Le souvenir de la mort de son secrétaire personnel, pris de fièvre, le rendait encore furieux.L’homme s’était assis dans la neige et avait refusé d’avancer.Sur l’ordre de Wen, l’un des gardes l’avait roué de coups mais le petit scribe avait rendu l’âme avec toutes les apparences d’une jubilation méprisante.Maintenant qu’il était mort, Wen ne pouvait que regretter les châtiments qu’il n’avait pas infligés lui-même.Même le plus consciencieux des maîtres ne trouvait pas le temps de s’occuper de tout.Entendant un claquement cadencé de sabots, il tendit le bras pour relever le rideau qui protégeait son palanquin du vent, se ravisa.Les gardes revenaient sans aucun doute signaler qu’ils n’avaient rien vu, comme les douze jours précédents.Lorsqu’il les entendit crier, le vieil homme éprouva un soulagement qu’il ne se serait cependant jamais abaissé à montrer.N’était-il pas le cousin au cinquième degré de la deuxième épouse de l’empereur ? Il préféra prendre l’un de ses rouleaux les plus annotés et relire des maximes philosophiques dont la simplicité l’apaisait.Il n’avait jamais beaucoup apprécié le ton hautement moral de Confucius lui-même, mais son disciple Xunzi était un homme avec qui il aurait aimé prendre le thé.C’était vers lui qu’il se tournait le plus souvent quand il se sentait abattu.Wen ignora la discussion excitée de ses gardes pour savoir qui le dérangerait dans sa splendeur solitaire.Xunzi pensait que la voie de l’excellence était celle de l’illumination et Wen y voyait un parallèle exquis avec sa propre vie.Il tendait la main vers son écritoire quand il sentit qu’on posait le palanquin.Quelqu’un s’éclaircit nerveusement la gorge.Wen soupira.Le voyage avait été mortellement ennuyeux mais la perspective de rencontrer une fois de plus ces barbares malpropres était plus qu’il n’en pouvait supporter.Tout cela pour une seule nuit de débauche, pensa-t-il.Soulevant la tenture, il découvrit le visage de son garde le plus sûr.— Eh bien, Yuan, il semble que nous nous soyons arrêtés, dit-il en tapotant le parchemin de ses ongles longs pour manifester son mécontentement.Agenouillé près de la litière, Yuan pressa aussitôt le front contre le sol glacé.Agacé, Wen secoua la tête.— Parle donc.Nous n’allons pas y passer la journée.Au loin, des cors d’alerte mugirent dans le vent.— Nous les avons trouvés, maître, dit Yuan.Ils arrivent.Wen hocha la tête.— Tu es le premier d’entre mes gardes, Yuan.Préviens-moi quand ils auront fini de fanfaronner et de brailler.Il laissa la tenture en soie retomber et renoua les rubans écarlates autour de ses rouleaux.Le grondement de sabots qui se rapprochait piqua cependant sa curiosité.Soupirant de sa faiblesse, il découvrit le trou percé dans le cadre en bois du palanquin, y colla un œil.Seul Yuan en connaissait l’existence et il ne dirait rien.Aux yeux de ses esclaves, il mépriserait le danger.Il est important que le maître donne une bonne image de lui aux esclaves, pensa-t-il en se demandant s’il avait le temps d’ajouter une note à ses propres réflexions philosophiques.Il les ferait relier et publier.Elles étaient particulièrement critiques sur le rôle des eunuques à la cour de Kaifeng.L’œil toujours rivé au montant de bois, il se dit qu’il serait cependant préférable de les publier anonymement.Temüdjin chevauchait, entouré d’Arslan et de Jelme.Dix de ses meilleurs hommes l’accompagnaient tandis que Khasar et Kachium avaient posté des groupes moins nombreux autour du camp.Dès le premier coup d’œil, le jeune khan sut que quelque chose d’anormal se passait.Pourquoi tant d’hommes armés autour de ce qui ressemblait à une grande boîte ? Au lieu d’attaquer, ils avaient formé un carré défensif autour de la boîte pour attendre son arrivée.Temüdjin se tourna vers Arslan, haussa les sourcils.Le forgeron dut crier pour se faire entendre par-dessus le bruit des sabots.— Sois prudent, seigneur ! Ce doit être un représentant des Jin, un dignitaire de haut rang.Temüdjin considéra la scène étrange avec un intérêt accru
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